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De 90km par semaine à 2 sorties, ou comment réapprendre à courir

10 ans de course, un arrêt brutal, et une reconstruction.

10 ans de crescendo

J’ai (re)commencé à courir vers 22-23 ans. Tout doucement, sans plan, sans objectif particulier. Quelques kilomètres par-ci par-là, histoire de bouger un peu.

Et puis, petit à petit, la machine s’est emballée.

5km. 10km. Semi. Marathon. Trails. Chronos qui tombent. Plans d’entraînement. Fractionnés. Sorties longues du dimanche. À la fin, je tournais à 5-6 sorties par semaine, entre 70 et 90 kilomètres. Lever à 5h30 du matin pour ne pas empiéter sur la vie de famille, massage des jambes quasi tous les soirs avant de se coucher.

Les enfants, quand ils ne me voyaient pas dans la maison le matin, c’était devenu un réflexe : “Il est où papa ? Allé courir ?”

Alors que bien souvent, j’étais juste dans une autre pièce 😅

L’équilibre, enfin presque

J’avais trouvé un rythme qui fonctionnait. Coucher tôt, routine bien huilée, et hop, debout avant l’aube pendant que tout le monde dormait encore.

Il y avait des moments plus durs que d’autres, forcément. L’hiver notamment. Se lever à 5h30 pour aller courir de nuit, dans le froid et la pluie, c’est quand même moins glamour que le printemps ou l’été avec le soleil levant. La charge de boulot jouait aussi pas mal sur la motivation et l’énergie.

Mais globalement, ça tenait. Enfin, en apparence.

Le premier sub40

Mon premier 10 kilomètres en moins de 40 minutes, j’en ai pleuré.

Pour quelqu’un qui s’entraîne seul, sans coach, avec une vie pro et une vie de famille, c’était énorme. Pas un chrono de champion du monde, mais mon chrono. Ma victoire personnelle. En tant qu’amateur, ça représente une sorte de barrière.

J’ai ensuite continué à progresser, jusqu’à faire un honnête 35’17 en février 2021. PR. Fierté.

Les marathons

4 tentés. 4 “ratés”.

Enfin, ratés… Tous terminés, mais tous loin de mes objectifs. Murs du 30ème, problèmes d’alimentation, maux de ventre, crampes… À chaque fois, au moins 30 minutes de plus par rapport à mon objectif.

Décembre 2022 : le défi

En décembre 2022, suivant l’idée d’un collègue, je me suis lancé un challenge: courir autant de kilomètres que le nombre du jour.

1km le 1er. 2km le 2. 3km le 3. Etc.

Sur les 10-12 premiers jours, j’ai fait un peu plus que prévu (courir juste 1 ou 2 km, bof). Après, j’ai suivi le truc à la lettre.

Je me suis arrêté le 27, après avoir couru les 27 kilomètres du jour.

Total du mois : 418 kilomètres.

Pourquoi l’arrêt ? Ça commençait à peser sérieusement dans les jambes. Deux nuits d’affilée avec très peu de sommeil. L’organisation de la journée qui se compliquait de plus en plus. Et surtout, l’envie de passer quand même un peu de temps avec mes enfants pendant les vacances de Noël plutôt que de continuer d’enchaîner les kilomètres.

Zéro regret. Un beau mois, une belle expérience.

Le stop

Quelques mois plus tard la naissance du troisième enfant qui approche.

Je savais que les nuits seraient courtes pendant un moment. Je préférais rester prudent pour ma santé globale, physique comme mentale. Pas envie de tirer sur la corde alors que le corps et l’esprit allaient déjà être bien sollicités par l’arrivée d’un bébé.

Et puis il y a eu cette séance de fractionné. Une de trop, clairement. J’ai vraiment subi au niveau gastrique, des douleurs que je traînais depuis un moment et que je n’arrivais pas à régler. Rentré à la maison ce jour-là, j’ai dit stop.

Pas progressivement. Pas “on va voir”. Stop.

Un an sans courir

Ça a fait du bien.

Vraiment, sincèrement, ça a fait du bien.

Ça m’a permis de prendre du recul sur mon approche qui frôlait la boulimie à la fin. Toujours plus de kilomètres, toujours plus d’entraînements… Il y avait un truc qui n’était plus très sain là-dedans.

Avec un tout petit bébé à la maison et le sommeil complètement en vrac des premiers mois, je n’aurai de toute façon ni le temps ni l’énergie pour courir. Mais même sans ça, je crois que j’avais besoin de cette pause.

Pour respirer. Pour me retrouver autrement.

La reprise

Juste du plaisir. Un jour où j’avais un peu de temps, un coin agréable, l’envie de bouger. Full plaisir, zéro pression.

C’est devenu ma nouvelle approche. Plus de plans d’entraînement, plus d’objectifs de chrono. Parfois du plat, parfois des petits trails dans la montagne. Parfois j’accélère un peu, parfois je me contente de trottiner tranquillement.

Deux fois par semaine, sur la pause déjeuner principalement. J’essaie de m’y tenir, mais sans me flageller si ça ne passe pas une semaine.

Je ne m’interdis pas de m’inscrire à une petite course pour le plaisir. Mais pour le plaisir de participer, pas pour l’objectif.

Si tu m’avais dit il y a 5 ans que je courrais “seulement” deux fois par semaine et que ça me conviendrait parfaitement, je ne t’aurais pas cru. J’aurais même probablement trouvé ça un peu triste.

La course m’apporte toujours ce qu’elle m’a toujours apporté : la décontraction, le plaisir, un moment rien qu’à moi. Juste… différemment dosé.

Et finalement, c’est peut-être mieux comme ça 🏃‍♂️